5.4.12

Mirror

Mixte sur toile de 114 x 146 cm. Sixième intervention sur un laps de temps de 6 ans, et je crois que je vais arrêter là. Beaucoup de contraste entre les techniques utilisées en 2009 et 2012, ce qui rappelle un peu les affiches vandalisées par les taggeurs sur les murs de nos villes. J'ai choisi les dominantes blanc-noir-rouge car ces trois couleurs sont toujours très présentes dans l'art du masque et du maquillage en général, que ce soit en Afrique ou bien en Asie. La forme blanche évoque un crane humain, avec l'idée qu'un masque puisse exprimer l'intérieur et non pas simplement cacher l'extérieur. La phrase "Mirror on the wall" est bien sûre celle que prononce la reine, belle-mère de Blanche-neige, pour que celui-ci lui révèle qui est la plus belle du royaume... Il y a d'autres éléments secondaires: Le visage est coupé en 2 verticalement, ce qui fait référence à la symétrie objet/image; Une clé et des serrures font référence au secret, deux phrases évoquent des jeux de tradition enfantine (Halloween et action/verité). Un "Q" suivi d'un pique indique la dame de pique appelée Pallas (ou Athenéa). C'est la carte qui symbolise la mort, c'est aussi un opéra, mais c'est surtout le nom d'un jeu de carte inspiré d'un autre plus ancien: Le barbu!

3 commentaires:

  1. Cher Laurent,

    Je dois vous avouer que j'ai failli crier au sacrilège, lorsque j'ai vu la modification apportée à votre autoportrait de 2009 ! Avec ses aplats de couleurs vives et solaires, j'appréciais ce tableau pour son côté "fauve", qui me faisait penser à un portrait de Van GOGH.

    Et puis, j'ai regardé "MASCARA" plus attentivement, plus longuement... Et plusieurs pensées ont traversé mon esprit.

    Je me souviens d'un passage du roman "Le Portrait de Dorian GRAY" d'Oscar WILDE qui disait: "Révéler l'art et cacher l'artiste, tel est le but de l'art." C'est un peu à cela que me fait penser votre intervention sur cet autoportrait: en masquant votre visage, vous mettez en avant votre création, qui passe après votre individu.

    Ici, effectivement, le masque fait penser à ceux de l'Afrique, mais cela m'évoque aussi les masques mortuaires d'Amérique du Sud. J'avais lu un article sur la signification des masques africains, et on y expliquait que ces masques évoquaient plus le personnage auquel ils se réfèrent qu'ils ne le représent dans sa réalité. Les masques africains évoquent plus l'individu par un trait de son caractère que par un trait physique.
    En cela "MASCARA" semble beaucoup plus sombre que votre autoportrait de 2009 pouvait le laisser supposer.

    « L'homme cesse d'être lui-même dès qu'il parle pour son propre compte, mais donnez-lui un masque et il vous dira la vérité », disait Oscar WILDE (encore lui !) La thématique de l'anonymat, du masque revient souvent dans votre oeuvre, elle est récurrente. Le crâne en filigrane sur le masque évoque la Mort, qui elle aussi apparaît souvent dans vos tableaux, sous forme de squelettes, de crânes...
    Qu'est-ce qui vous terrifie, Laurent ? Qu'est-ce qui vous empêche de crier au point de barrer la bouche de votre autoportrait d'un large trait rouge, semblable à un baillon ?
    Cette vision de révéler l'Art par le masque est intéressante dans votre oeuvre: elle met en évidence la zone d'interférence entre l' "Intérieur" et l' "Extérieur" de l'artiste, ce va-et-vient perpétuel entre ces 2 sphères de création...

    Enfin, ce qui me fascine dans ce tableau, c'est que mon regard ne cesse d'être "happé" par l'oeil bleu, unique témoin intacte de votre autoportrait de 2009, et que vous avez cerné d'un cercle jaune. Cet oeil n'est pas terrorisé, au contraire, il semble calme, posé et serein. Il me semble dominer ce masque qui lui "mange" le visage, pour dire au spectateur: "JE est un autre."

    Merci encore Laurent pour nous faire réfléchir et nous remettre en question grâce à vos créations !

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    1. Je ne sais pas ce qui me terrifie... Peut-être le discours en général, l'angoisse du mal entendu, la peur d'être mal interprété. Je ne suis pas à l'aise en conversations. Mais ce qui m'intéressait ici avec ce trait rouge à la bombe était qu'il fut à la fois la bouche et le bâillon du portrait.

      En effet j'ai conserver un œil de la version de 2009, mais aussi les oreilles car c'était le seul élément que je trouvait intéressant graphiquement, et parce que j'écoute et j'observe.

      En effet, la "Calavera" fait référence au Mexique, culture ou la vision mortuaire est presque burlesque, colorée et animée, dédramatisation quotidienne de la mort.

      Décidément il faudra que je lise Oscar Wilde, c'est une lacune que je dois combler. Je n'ai vu que le film des années 70 du portrait de Dorian Gray. Merci R.

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    2. Une petite précision quand même: Le crâne n'évoque pas chez moi la terreur mais un « témoin » psychique permettant de relier les vivants aux morts, plus shakespearien que morbide, une conscience sur sa propre existence, une acceptation de sa propre condition de mortel opposée au divin.

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